À la rencontre de… Sacha Houlié

Député de la Vienne et co-fondateur des Jeunes avec Macron

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Sacha Houlié, j’ai 32 ans et je suis député de la deuxième circonscription de la Vienne. J’ai été, pendant quelques mois, vice-président de l’Assemblée nationale et j’ai également été membre du bureau exécutif de l’instance dirigeante du parti La République En Marche.

À quel âge et pourquoi vous êtes-vous engagé en politique ?

Avant d’être engagé en politique j’étais un militant. En 2006 il y a eu le contrat première embauche, qui est une disposition proposée par le gouvernement de Dominique de Villepin pour avoir, pendant deux ans, une période d’essai pour les jeunes sur leur premier contrat.

J’étais très hostile à cette idée puisque c’était une discrimination à l’emploi des jeunes qui faisait qu’on les traitait moins bien sur le marché du travail. J’ai alors mobilisé mon lycée et nous l’avons bloqué. On a fait des votes, on est allés en Assemblée générale, on a manifesté et on a obtenu le retrait de cette disposition.

J’avais, suite à cela, le goût de l’engagement et je l’ai concrétisé par l’adhésion au mouvement des jeunes socialistes en 2007, ainsi que pour la campagne présidentielle et la campagne législative pour la députée Catherine Coutelle qui m’a précédé. Je suis ensuite resté longuement militant au cours des campagnes politiques telles que pour les européennes, les pour municipales et pour les départementales.

J’ai créé les Jeunes avec Macron un peu par hasard. Étant un jeune avocat, j’ai trouvé que les dispositions de la loi qu’il portait étaient très bien. Et puis je suis devenu, dans le cadre de tout cela, un des cadres de LREM au tout début, lorsqu’il n’y avait encore pas grand-chose de construit.

Quelles sont les valeurs, les enjeux, les batailles qui vous tiennent à cœur et que vous défendez à travers votre engagement ?

C’est principalement une bataille pour la justice sociale et l’égalité. C’était d’ailleurs un des premiers combats qui m’a guidé vers Emmanuel Macron puisqu’il faisait la distinction entre ceux qui avaient la chance d’être dans un milieu social aisé avec des conventions et avec des codes, et les autres qui n’avaient jamais leurs chances, qui étaient loin de tout et qu’on laissait se débrouiller avec les méandres de la société ou le milieu du travail pour lequel ils n’avaient pas accès. Cela a toujours été mon combat politique. Il faut d’abord agir et donner davantage à ceux qui en ont le plus besoin. Je peux alors dire que mon premier combat est celui pour l’égalité réelle.

J’ai d’autres combats comme, par exemple, celui sur la question des impôts sur les successions, des combats sur la question du travail, du droit au travail, du droit à se concrétiser, du droit à se construire à travers une activité professionnelle ou militante – une activité qui permet de structurer ses journées et permettant d’avoir une image positive de soi. Il y a également la question d’un multilatéralisme, la construction d’un idéal commun au-delà même de la nation. C’est quelque chose qui fait figure d’élément central dans mon engagement puisque je pense qu’on arrive à un moment où on a besoin d’une puissance publique qui organise et qui soit en mesure de contraindre les forces économiques et les forces privées. Et parfois, les vieux États ou les vieilles nations se sont, à l’image de ce qu’on voit avec les GAFA, laissés dépasser dans leurs pouvoirs d’organisation et doivent donc s’organiser à plusieurs, dans le cadre de l’Union Européenne ou dans le cadre de traités pour retrouver de la puissance publique ou du pouvoir, pour finalement parvenir à ce qu’elles doivent faire, c’est-à-dire gérer dans l’intérêt général en fonction de l’intérêt de tous les habitants.

Vous êtes député de la Vienne, en quoi consistent exactement vos missions et quels sont vos projets ?

Je me suis engagé énormément sur toutes les lois sur la formation professionnelle, sur l’emploi, sur l’insertion des jeunes, sur l’accompagnement et sur le droit au travail, et puis après sur tous les espaces de liberté. C’est le côté pour lequel j’estime que le libéralisme politique n’est pas un gros mot, dans le sens où on a le droit d’avoir des libertés de conscience, de la tolérance pour les opinions des autres, une organisation de la liberté d’expression politique et religieuse. Toutes ces questions guident mon engagement politique aujourd’hui.

Les missions passent d’abord par le vote de lois puisque c’est ce qu’on connaît le plus chez les parlementaires. Il y a aussi l’étape de l’élaboration de la loi, sachant que la loi est souvent d’initiative gouvernementale – il y a une initiative parlementaire qui est plus réservée puisque constitutionnellement le temps imparti dans le calendrier de l’Assemblée nationale est d’abord à la main du gouvernement. C’est en commission et dans l’hémicycle que les décisions sont prises. Je suis dans la commission des lois avec tous les sujets régaliens, les sujets police-justice, les libertés publiques, l’asile et l’immigration. Il y a également un droit d’amendements et un rapport d’évaluation de l’information. Les députés ont pour mission de contrôler le gouvernement lors des « questions au gouvernement » – lorsqu’on nous voit poser des questions à l’Assemblée nationale. Nous avons aussi pour rôle des contrôles ministériels sur place pour demander une organisation territoriale et faire remonter les attentes des territoires que nous représentons. C’est, par exemple, aller voir les ministères et leur dire « pour le CHU de Poitiers je pense qu’il faudrait mettre telle ou telle chose en place pour le besoin des populations et le développement du territoire ».

Pourquoi avoir fait le choix de présenter une liste aux élections départementales alors que vous êtes déjà élu en tant que député ?

Il y a deux raisons principales. D’abord parce qu’il y a beaucoup de choses que je vote pour lesquelles il faut une déclinaison et une application locale. Je vous donne un exemple : on vote aujourd’hui les droits simplifiés des personnes handicapées, on vote une meilleure indemnisation des personnes qui ont aujourd’hui l’allocation adulte des personnes handicapées et des droits qui sont garantis, c’est-à-dire le fait qu’on ne mette pas d’obstacles aux gens qui ont déjà une vie dure parce qu’ils ont un handicap. C’est le département qui s’occupe de ça, sauf que le département de la Vienne n’est pas très bon dans ce domaine. Il sous-estime les prestations, il fait régulièrement des recours au tribunal lorsque les personnes n’ont pas obtenu ce qu’elles voulaient et je trouve que tout cela n’est pas normal puisque cela entache tout mon travail. Dans la permanence dans laquelle vous êtes, j’ai de nombreuses personnes qui me disent être déçues car j’ai voté des choses qu’elles souhaitaient mais qu’elles n’ont toujours pas, j’ai donc un peu envie que ça change.

La deuxième chose c’est parce que ça me permet d’avoir une vraie incidence supplémentaire en me disant que je vais contrôler au-delà de ce que je peux faire actuellement. Je pense qu’on peut faire plus de choses pour le vieillissement, pour le maintien des personnes âgées à domicile, qu’on peut faire plus de choses pour les bénéficiaires du RSA. Dans la Vienne, on est dans un département où comme, en fait, il y a beaucoup de choses qui marchent – taux d’apprentissage élevé et faible taux de chômage – il y a énormément de personnes qui sont au RSA dont on ne s’occupe pas vraiment suffisamment bien. Des gens s’inscrivent au RSA, on leur donne un rendez-vous puis un autre rendez-vous trois ou quatre mois plus tard en leur demandant qui ils sont puis en leur demandant ce qu’ils souhaitent faire. On pourrait, très simplement, dès le premier rendez-vous leur demander qui ils sont et ce qu’ils veulent faire, ce qui permettrait de gagner trois mois sur la manière de les aider et de les accompagner. C’est plein de petites choses qui permettraient de plus aider les citoyens. Je vote nationalement pour que ça le fasse, localement ce n’est pas fait donc j’y vais.

De votre point de vue d’élu, comment voyez-vous la relation entre les jeunes et la politique ? Pensez-vous que des pratiques devraient-être mises en place pour mieux intégrer et intéresser les jeunes aux décisions politiques ?

Nous avons été très surpris, lorsque nous avons créé les Jeunes avec Macron, de l’adhésion que cela avait créé. Nous faisions ça, au départ, pour nous faire plaisir et pour défendre des opinions mais nous avons eu beaucoup d’adhésions de jeunes. Depuis plusieurs années il y a quand même un recul de la politique chez les jeunes, ce qui signifie que nous avons un vrai rôle parce qu’il y a une mobilisation et une sensibilisation aux enjeux à créer. En effet, il y a certes l’État avec les présidentielles et les législatives mais il y a aussi les questions sur tout ce qui est lié au développement économique, à l’innovation et aux recherches dans les régions. Il y a toutes les questions sur comment on va vieillir ou sur comment on va accompagner les bénéficiaires du RSA, et c’est le département qui agit sur toutes ces questions. On a donc besoin, en réalité, que tout le monde sache à quoi ça sert.

J’ai une vieille méthode mais qui marche plutôt bien en règle générale qui est de faire énormément de porte-à-porte. C’est le fait d’aller frapper chez les gens pour leur expliquer ce qu’il se passe autour de chez eux et en leur disant de regarder et de s’intéresser aux initiatives locales pour la vie démocratique. Il faut aussi mettre en place des lieux d’expression directe avec, notamment, les réseaux sociaux, même s’ils représentent un filtre puisque sur ceux-ci il n’y a que les gens qui viennent à vous. Il y a également une pratique qui est celle de faire de la politique en parlant d’autres sujets. Moi, par exemple, je parle beaucoup de football parce que dans le football on a traité les supporters d’une certaine façon comme s’ils avaient moins de droits que les autres, typiquement sur l’interdiction des stades. C’était aussi une façon de dire : « vous les supporteurs de football, vous les gens qui vous intéressez au football, la politique s’intéresse aussi à vous ». C’est intéresser ces personnes à la chose publique par leur passion sportive. Si on rentre par un intérêt catégoriel, on peut aussi après trouver l’intérêt plus global à la politique et ça je pense que c’est important. Il faut donc parler du quotidien pour ensuite pouvoir ramener les citoyens à l’essentiel.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent s’engager ? Et que répondriez-vous aux jeunes qui considèrent que « ça ne sert à rien de s’engager » ?

Ce que je leur dis à chaque fois que je vais dans une école, dans un collège ou dans un lycée c’est que l’engagement peut commencer par des choses qui sont complètements anecdotiques dans la vie quotidienne. Ça peut être le fait d’emmener un ami au stade de foot, d’emmener un voisin à l’école de musique ou au club local parce qu’il n’a pas de voiture ou que ses parents ne peuvent pas l’accompagner ce jour-là. Ça c’est de l’engagement, c’est-à-dire que ça créé du collectif et que ça permet de dire qu’on a eu une action pour quelqu’un d’autre. Ça se traduit ensuite par la prise de responsabilités dans un club sportif ou dans une association pour avoir une démarche au service de l’intérêt général et pas pour son propre intérêt à soi.

Il ne faut pas s’engager en politique pour s’engager en politique, il faut trouver des causes et des buts. On forge par la suite son opinion, sa force de caractère, on assoit un peu ses convictions et puis on peut les exprimer à travers une revendication qui est nécessairement politique.

Propos recueillis par Paul Mombelet.

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