À la rencontre de… Milton Federici

Responsable des affaires publiques CAP (Convergence Animaux Politique) et référent Engagement Animaux 2022

En guise d’introduction, peux-tu te présenter ? Quel a été ton parcours (notamment la fondation de l’association Animalise) ?

Je suis le responsable des affaires publiques de l’association Convergence Animaux Politique (CAP) qui agit dans les institutions pour défendre les demandes des ONG de protection animale. Avant d’arriver à CAP, j’ai fait des études de sciences politiques. Je me suis sensibilisé à la cause animale lors d’une année d’étude au Brésil où j’ai commencé à militer. À mon retour en France, j’ai cofondé la première association de défense des droits animaux d’un IEP, celui de Strasbourg, afin d’informer et de sensibiliser les étudiants à ce sujet. Avec l’association Animalise, nous avons organisé de nombreuses conférences-débat et projections de films à Sciences Po Strasbourg, mais aussi des actions militantes sur le campus de l’Université de Strasbourg, notamment contre la détention de singes par l’Unistra et le commerce de leur sang auprès de laboratoires, sujet qui nous indignait particulièrement en tant qu’étudiants. 

En parallèle, j’ai axé ma formation sur la communication publique et institutionnelle et j’ai réalisé un mémoire de recherche sur le plaidoyer des militants animalistes auprès des institutions européennes. J’ai terminé ma formation par un stage à CAP, où je suis maintenant salarié depuis deux ans, toujours aussi passionné par mon métier.

A partir de quel âge t’es-tu intéressé à la politique ? Et pourquoi continues-tu aujourd’hui ?

Je me suis intéressé à la politique dès le lycée, lors de la campagne présidentielle de 2012. Je n’avais pas encore l’âge de voter mais j’étais curieux de découvrir les différents projets de société portés par les candidats. Je me suis également intéressé à la politique locale, en me rendant aux réunions publiques organisées par la mairie de Cagnes-sur-Mer sur les projets d’urbanisme – j’étais de loin le plus jeune dans la salle. J’ai ensuite continué ma politisation au fil de mes études, en l’appuyant sur les connaissances théoriques acquises, notamment en science politique et en sociologie, mais aussi en prenant part à des mouvements sociaux prônant la démocratie, l’égalité, la défense des droits ou encore la protection de l’environnement. Pour moi, l’action politique organisée est le moyen le plus efficace de faire aboutir les demandes que je porte, en particulier pour les animaux.

Tu es responsable des affaires publiques au sein de Convergence Animaux Politique ? Quel est ton rôle précisément ? Pourquoi t’y es-tu engagé ?

En tant que représentants des ONG de protection animale, j’accompagne ces organisations dans la traduction politique de leurs demandes, je porte ces demandes à la connaissance des décideurs politiques, particulièrement les parlementaires et les membres du gouvernement et je fais le lien entre eux et les ONG pour faciliter leur action en faveur des animaux. Plus concrètement, je prends des rendez-vous avec les politiques, leur présente les demandes des ONG et leur propose d’agir via des propositions de loi, amendements ou encore, de participer aux rencontres que nous organisons à CAP avec les ONG. C’est avant tout un travail relationnel de construction d’un réseau d’alliés en faveur de la protection animale.

Je me suis engagé à CAP car je pensais que la cause animale n’avait pas encore assez investi le terrain politique, ce qui commence à changer aujourd’hui, avec la proposition de loi contre la maltraitance animale que nous avons initiée et accompagnée jusqu’à sa promulgation en novembre dernier. Le mouvement est encore aujourd’hui majoritairement axé sur des actions individuelles et s’adresse principalement au grand public via des actions de sensibilisation. Ces modes d’action que je partage sont tout à fait légitimes, mais doivent s’accompagner selon moi d’une action politique et institutionnelle efficace afin d’aboutir à un changement de paradigme pour les animaux.

Ce qui m’a orienté vers CAP, c’est que c’est la seule organisation entièrement dédiée au plaidoyer en faveur des animaux. Son but est de créer les conditions d’une convergence associative vers une action politique efficace pour les animaux, basée sur l’expertise des ONG et la connaissance du milieu institutionnel. Cette approche relationnelle, de concertation des ONG et d’accompagnement des décideurs m’a séduite et a renforcé ma conviction d’être au meilleur endroit pour mener à bien mon combat pour les animaux.

De plus, tu es référent d’« Engagement Animaux 2022 » qui incite les candidats à l’élection présidentielle de 2022 à s’engager pour les animaux, peux-tu nous en dire plus ? Quel est l’enjeu ?

Cette campagne initiée par CAP et portée par 29 ONG de protection animale – dont la SPA, la Fondation Brigitte Bardot, One Voice l’ASPAS, la LFDA, etc. -, vise à faire s’engager les candidats à la présidentielle sur 22 mesures prioritaires choisies par les ONG en concertation. Aujourd’hui 69% des Français estiment que la cause animale doit faire partie du débat de la présidentielle (IFOP 2022) et 47% déclarent qu’ils voteront en prenant en compte les propositions des candidats sur le bien-être animal (IFOP 2021). Il s’agit, d’une part, d’informer et d’aider les électeurs à faire leur choix et, d’autre part, de créer le débat autour de ces questions, pour que la cause animale devienne un véritable thème de campagne et se retrouve dans les programmes des candidats. Grâce à ces engagements de campagne, nous pourrons ensuite demander au Président élu de tenir ses promesses.

Comment perçois-tu la relation entre les jeunes et la politique à l’heure actuelle ?

En ce qui me concerne, je côtoie beaucoup de jeunes engagés, que ce soit dans la cause animale, qui est un mouvement plutôt jeune, ou dans d’autres luttes. De par la diversité d’engagement que j’observe chez eux, je ne résumerais pas la relation jeunes / politique au simple fait d’aller voter ou de militer dans un parti. À mon sens, beaucoup de jeunes font de la politique – parfois sans s’en rendre compte – en participant à des mobilisations, en soutenant des causes et en tentant de convaincre autour d’eux. Si on constate un désintérêt des jeunes pour certaines élections ou certains débats, c’est peut-être parce que le fonctionnement institutionnel actuel ne nous prend pas assez en compte et que d’autres manières de faire de la politique sont plus motivantes et davantage à notre portée. On entend parfois dire : “si tu ne t’occupes pas de la politique, la politique s’occupera de toi”, mais pour moi, la question est moins de savoir si les jeunes se mobilisent assez ou pas assez, mais si ceux qui le font sont écoutés par la classe politique ou pas assez.

Que dirais-tu aux responsables politiques pour toucher davantage les jeunes ?

Je leur dis de proposer une option végétarienne tous les jours dans la restauration collective, car les jeunes ne peuvent pas y manger ce qu’ils veulent aujourd’hui et cela fait partie de leurs demandes. Je leur dis aussi d’interdire l’accès aux arènes de corridas pour les mineurs de moins de 16 ans, car l’exposition des jeunes à une cette violence gratuite est traumatisante et transmet le mauvais message en matière de respect à l’égard des animaux. Je leur dis encore que l’éducation à l’éthique animale doit entrer dans les programmes scolaires pour que chaque jeune prenne conscience qu’un animal est un être sensible qui mérite d’être traité comme tel. Enfin, je leur rappelle que la protection animale compte pour une large majorité de jeunes et qu’elle ne fait encore aujourd’hui pas assez l’objet de politiques publiques.

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui souhaitent s’engager ?

J’ai toujours commencé mes engagements par le milieu associatif. Nous avons la chance en France de disposer d’un tissu associatif fort et diversifié. Rien que dans la cause animale, il existe des dizaines d’associations nationales et des centaines d’associations locales. Entrer dans une asso pour y apporter son aide bénévole, permet d’apprendre, de faire progresser ses idées, de rencontrer des gens passionnés et d’exprimer sa vision du monde plus librement que dans d’autres structures sociales. Au départ il faut explorer un peu, aller à des événements ou actions de différents collectifs, puis quand on trouve celui qui nous correspond, tenter de s’y intégrer. Quelles que soient vos compétences, votre aide sera toujours précieuse.

Propos recueillis par Sarah Jalabert.

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