À la rencontre de… Maxime Loth

Responsable de l’antenne du Printemps républicain à Sciences Po Paris

À quel âge et pourquoi tu t’es engagé en politique ?

Comme beaucoup, mon engagement prend sa source dans l’enfance. À la fois pour le goût de la politique, mais aussi du fait de mon parcours. Enfant de la classe moyenne, élève dans les établissements publics de banlieue, mon entrée à Sciences Po Paris n’a pas été une révélation, mais bien une confirmation. Les écarts économiques, sociaux et culturels sont un gouffre, un abîme et les classes moyennes sont, pour reprendre Louis Chauvel, “à la dérive” : stigmatisées par certains, brocardées par d’autres, en un mot abandonnées par tous. Il me semblait nécessaire de m’engager pour tenter, à ma petite échelle, de réinscrire ces individus et leurs problématiques quotidiennes au cœur de l’agenda politique. Je prends deux exemples qui me semblent significatifs : on parle sans cesse d’augmentation du SMIC, mais jamais des personnes qui ne vivent qu’avec 1500€ par mois ; on accuse les ruraux de trop polluer, sans vraiment remettre en cause le mode de vie des plus diplômés, qui sont ceux qui prennent le plus l’avion. Voilà ce sur quoi j’ai envie de me battre.

Quelles sont les valeurs qui animent ton engagement ?

En un mot l’indivisibilité. Celle inscrite dès l’article 1 de la Constitution ; mais aussi celle, plus symbolique, qui invite à considérer qu’il ne faut jamais céder face aux divisions fictives, aux cris d’orfraie et à la dictature de l’instant. Ce n’est pas cette gauche, allant de la France insoumise jusqu’à certains courants du PS, en n’oubliant certainement pas EELV, qui a abandonné les questions de sécurité, de laïcité, qui ne parle finalement qu’aux cadres en délaissant les problèmes du quotidien de la majorité des Français. Ce n’est pas cette droite, de LREM à RN en passant par LR qui s’est engouffrée (avec plus ou moins de succès) dans un discours aux relents populistes pour tenter de récupérer les voix des classes populaires et des classes moyennes, en prônant une méritocratie de façade, s’accommodant volontiers de l’inégalité des chances. C’est ce qui explique mon engagement au Printemps Républicain : un parti qui défend, avant tout, l’espoir d’une République sociale, émancipatrice et profondément indivisible. On y revient. C’est la raison pour laquelle nous avons fondé une section à Sciences Po Paris, qui est aujourd’hui très dynamique.

Le Printemps républicain, mouvement dont tu es représentant à l’IEP de Paris, est parfois exposé à la critique, notamment venant d’une partie de la gauche. Que répondez-vous à vos détracteurs ?

Nos détracteurs se trompent de combat. Ou se satisfont de trouver un bouc-émissaire facile face à l’échec de leur politique. Prétendre que nous faisons le jeu de l’extrême-droite alors que nous les combattons sans relâche et sans compromission est symptomatique de la faiblesse de leur argumentaire, qui consiste à penser, comme des enfants, que ceux qui ne sont pas d’accord avec eux sont nécessairement des ennemis. Nous ne sommes pas islamophobes en voulant nous en tenir à la neutralité et à la laïcité, pas plus que nous ne sommes anti-musulmans lorsque nous rappelons notre attachement à la loi de 2004. Leur exagération nuit à la qualité du débat public et ne sert qu’à les faire exister médiatiquement. Je le regrette.

Ce mouvement pointe souvent du doigt les tensions identitaires qui traversent notre pays, que proposez-vous pour y faire face ?

Là encore, il me semble au contraire que notre mouvement s’inscrit à l’inverse de la passion identitaire qui porte en elle le danger du repli sur soi, et est, au fond, aussi paradoxal que cela puisse paraître pour certains de ses promoteurs, le paroxysme de l’individualisme libéral. Notre mouvement se refuse à penser qu’une identité inventée, souvent fantasmée, alimentée par des entrepreneurs de morale et des individus avides de percées médiatiques rapides, puisse constituer le cœur du débat public. Nous prônons au contraire une société où les différences ne sont pas des essences parce que les individus sont nécessairement pluriels et ne peuvent être réduits à une de ces différences. Notre société dépasse les particularismes, la citoyenneté transcende pour faire de nous des Français. Alors luttons contre les discriminations, mais conservons cet idéal intégrateur de société inclusive.

Quel rôle faut-il donner aux partis politiques aujourd’hui, notamment concernant la jeunesse ? Estimes-tu le clivage “gauche droite” comme étant dépassé ?

Les partis politiques sont en crise, ou en tout cas souvent envahis par un certain militantisme qui était autrefois le fait d’associations. C’est un problème, car cela occulte le fait qu’un parti doit justement être une arène du consensus. C’est une somme d’individus aux parcours divers, aux sensibilités différentes, mais qui ont fait ensemble le choix de s’engager, et sont par conséquent contraints de s’entendre pour dégager des mesures acceptables par tous. Adhérer lorsque l’on est jeune, c’est donc faire l’apprentissage du consensus, et par extension du vivre ensemble, qu’il soit social, culturel ou intergénérationnel. Quant au clivage droite-gauche, il n’a pas disparu, il se réinvente en permanence. Celui qui fondait le débat politique au XIXe siècle a changé à de multiples reprises, face au changement des mentalités, face à la mondialisation, l’Union européenne… Il est donc normal que nous ne conservions pas totalement les clés de lecture du passé. Est-ce à dire que le clivage disparaît ? Je n’y crois pas. En réalité, il me semble que les adeptes de cette théorie trouvent un moyen bien commode de faire taire toute contestation et faire passer leur idéologie comme vérité universelle. C’est honteux, et c’est surtout dangereux : il est sain qu’en démocratie, des oppositions voient le jour sur des modèles de société.  

Propos recueillis par Loup Laurent

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