À la rencontre de… Jessie Claude

Conseillère régionale d’Île-de-France et fondatrice de Starter Pack Citoyen

Pouvez-vous vous présenter, vous et votre parcours, en guise d’introduction ?

Je suis Jessie Claude, Conseillère régionale d’Île-de-France et Conseillère municipale de la ville de Fresnes. De 2017 à 2019, j’étais membre du Conseil Régional Jeune d’Île-de-France. Cette instance permet de représenter les jeunes de la Région. J’y ai fait mes premiers pas dans l’engagement citoyen. Ce mandat a duré deux ans. De ça, j’avais envie d’aller plus loin et de continuer mon engagement. En 2020, je n’étais pas satisfaite du projet de la Maire sortante et je me suis dit « on n’est jamais mieux servi que par soi-même » j’ai donc décidé de m’engager localement. j’ai intégré une liste municipale et j’ai été élue

Par la suite, en 2021, Valérie Pécresse et ses équipes me contactent pour intégrer la liste pour les élections régionales. J’ai été élue conseillère régionale.

 

Vous êtes également à la tête de Starter Pack Citoyen ? Pour quelles raisons avoir créé ce projet ? Comment cela fonctionne-t-il ?

Starter Pack Citoyen a été créé début 2022. C’est le constat de tout ce que j’ai dû faire pendant les régionales pour permettre aux citoyens de voter : vérifier les inscriptions sur les listes électorales, expliquer aux gens le rôle d’un conseil régional, d’un conseil départemental, qui sont nos élus à l’échelle régionale et départementale… J’ai voulu aller plus loin, ne pas simplement dire « allez voter ». J’ai voulu créer un véritable « kit » citoyen, et j’ai pensé au starter pack ! Le site présente 4 points :

  • Le premier point permet de vérifier si l’on est inscrit sur les listes électorales.
  • Le deuxième point permet de connaître ses élus par région et par département.
  • Le troisième point permet à ceux qui ne souhaitaient pas étudier tous les programmes des candidats à l’élection présidentielle d’avoir accès aux propositions de ces derniers, et ce, triées par thématique afin de pouvoir ainsi ne prendre connaissance des propositions uniquement sur les thématiques qui les intéressent.
  • Le quatrième volet est l’engagement : les personnes intéressées peuvent remplir un formulaire, et nous leur faisons des propositions d’associations dans lesquelles ils pourraient s’engager, proches de chez eux.

Nous sommes en train de développer un nouveau volet, plus législatif, qui permettrait de donner des informations aux jeunes sur la vie du Parlement. Quelle est ma circonscription ? Qui est mon député ? Quel est son rôle ?

 

Comment expliquez-vous la forte abstention des 18-25 ans à chaque élection et comment réagir ?

Cette tranche d’âge est celle qui s’abstient le plus à cause de deux facteurs : le manque de compréhension et le manque de pédagogie. Le manque de compréhension s’explique par la communication. Lorsque les façons de communiquer sont trop différentes, les dialogues sont rompus. Ces dernières années, les élus ont dû se dépêcher d’aller sur les réseaux sociaux pour parler à la jeunesse. Ils n’étaient plus assez audibles via les JT du 20h et les médias traditionnels. Il faut une réflexion sur les codes et sur les canaux de communication. Il y a également un problème de pédagogie. Dire à une personne d’aller voter ne suffit plus. Il faut expliquer pourquoi c’est important et quels sont les enjeux du vote. On considère que les cours d’éducation civique suivis au collège suffisent amplement. Et bien ça ne suffit plus. Il faut aller plus loin et être dans la continuité. Certains élus doivent comprendre que les citoyens n’ont pas tous les codes que requiert le monde politique. Il y a donc un certain gap qui se crée. On demande aux jeunes d’aller voter, mais on ne leur explique pas l’importance du vote, on ne leur explique pas ce que sont les rôles et échelons des différents élus pour lesquels on les appelle à voter et quels sont les enjeux de ces votes ? C’est pourtant le B.A.-BA Il y a une forme de pédagogie à revoir.

 

Que fait la Région Île-de-France pour encourager et accompagner l’investissement associatif de la jeunesse ?

Valérie Pécresse a annoncé durant la campagne : la création de l’agence de la promesse républicaine. Je suis Vice-Présidente de la Commission jeunesse, insertion professionnelle et promesse républicaine, ce sujet me tient à cœur et la Région travaille dessus activement pour remettre au cœur des enjeux la promesse républicaine. L’enjeu est de savoir  aujourd’hui, que promet la République à sa jeunesse ?

 

Comment voyez-vous l’avenir du combat civique face à la crise démocratique ?

Lorsque j’entends cette question, je suis saisie par la problématique du mot « combat ». Soit on intègre les gens, soit ils se marginalisent. Il faut faire attention à ce que notre démocratie soit une démocratie qui intègre les gens. L’avenir de la démocratie ne se fera que si elle n’est plus un combat. Si la démocratie n’est plus un combat des uns contre les autres mais devient des actions communes des uns avec les autres, alors on arrivera à faire quelque chose de plus symbolique. La démocratie doit être une notion à défendre. Nous devons nous unir derrière elle. La démocratie ne doit pas être un point de rupture.

Aujourd’hui, la démocratie est trop fracturée : Est-elle le reflet de notre société ? Si les gens pensent que les combats sont perdus d’avance, ils ne s’engageront plus. C’est parce qu’il y a eu des victoires dans le passé que nous pouvons poursuivre un combat. C’est parce que des combats ont été gagnés dans le passé que les gens s’en inspirent pour créer leurs propres victoires. Il faut lâcher un peu de lest pour que certaines victoires soient signes d’exemples. Cela permettrait ainsi d’insuffler une nouvelle dynamique et donner un souffle nouveau à notre démocratie en mal d’unité. Chaque époque devrait pouvoir constater son lot d’avancement, nous devons pouvoir nous dire « on a fait ça », dans 100 ans les gens iront plus loin.

Propos recueillis par Léna Van Nieuwenhuyse.

Curieux de découvrir d’autres portraits d’engagés ?

Rendez-vous sur la section #ÀLaRencontreDe !