À la rencontre de… Gaëtan Blaize

Responsable National du projet des Jeunes Radicaux

Bonjour Gaëtan ! Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Gaëtan Blaize, j‘ai 29 ans, je suis originaire d’un département rural, la Creuse, et je vis depuis une dizaine d’années en région Toulousaine, berceau de la chocolatine ! Je suis en charge des aspects programmatiques pour les Jeunes Radicaux, un mouvement de Jeunesse refondé il y a seulement quelques mois par la fusion des Jeunes Radicaux Valoisiens et des Jeunes Radicaux de Gauche. Je suis également membre de l’ADMD jeune. Dans la vie professionnelle, je suis chargé d’affaires et de projets industriels dans le secteur pharmaceutique. J’ai un parcours plutôt atypique car les jeunes de mon âge engagés en politique sont plutôt issus de cursus universitaires en Droit ou en Sciences politiques, mais je crois que cette différence est aussi une chance car cela me permet d’appréhender la chose publique autrement.

 

A quel âge et pourquoi t’es-tu engagé en politique ? Y a-t-il eu un évènement déclencheur ?

Enfant, je ne regardais pas seulement les dessins animés à la télévision car il m’arrivait très régulièrement de visionner les séances de QAG du Sénat ou de l’Assemblée Nationale. Même si à 10 ans on n’est pas en mesure de tout comprendre, ces débats me passionnaient. Je me suis davantage intéressé à la chose publique dès l’âge de 12 ans lorsqu’au soir du 21 avril 2002 Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen n’étaient séparés que d’un million de voix. Il m’apparaissait inconcevable que je puisse grandir dans un pays dans lequel notre triptyque républicain ne serait plus garanti. Pour moi JM Le Pen au pouvoir était synonyme de libertés bafouées, d’égalité arbitraire et de fraternité sélective. Depuis j’ai beaucoup suivi l’actualité politique, mais sans engagement réel avant 2015 pour le Parti Radical.

 

Pourquoi continues-tu d’être aujourd’hui engagé en politique ?

Je continue à être engagé aujourd’hui en politique car beaucoup est à faire en termes de renouvellement des pratiques politiques, de démocratie participative, de transition énergétique, de libertés fondamentales et du respect de nos principes Républicains.

L’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir a marqué pour moi le début d’un véritable renouvellement de la classe politique française. Les cartes se sont rabattues depuis 2017 avec des « Républicains » de plus en plus à droite, avec pour certain une main tendue à la famille Le Pen, et des « Socialistes » qui ont abandonné pour certains leurs convictions universalistes par pur clientélisme électoral. Bien sûr, beaucoup de militants modérés de ces partis ont gardé leurs convictions mais ils deviennent de plus en en plus inaudibles dans une France où les extrêmes ont de plus en plus de visibilité. Emmanuel Macron promettait donc une nouvelle politique, au-delà des clivages traditionnels, et appelait à un véritable renouvellement des genres en rassemblant des femmes et des hommes de gauche et de droite autour d’un même projet. J’ai évidemment soutenu Emmanuel Macron en 2017, après avoir soutenu Alain Juppé pour la primaire du centre et de la droite.

Je salue une partie de la politique qui est menée par son gouvernement telles que les mesures portées depuis 2017 pour plus de libertés et plus d’égalité (PMA, congé paternité, …), plus de solidarité (repas à 1€ dans les cantines scolaires, cotisation sécurité sociale étudiante supprimée, dégrèvement de la taxe d’habitation, …), plus de protection de notre planète et de notre santé (menus à 50% de produits bios dans les cantines scolaires, interdiction de l’élimination des invendus, interdiction d’un certain nombre d’objets en plastique dès 2020, …). Ces mesures ont du sens pour moi.

Je regrette cependant qu’il n’y ait pas plus de place donnée aux voies des territoires. La politique menée est très centralisée, alors que nous les Radicaux défendons une politique girondine. Le Président pourrait également faire davantage notamment pour le social et pour la démocratie. Il pourrait avoir le courage de véritablement engager une politique solidariste du XXIème siècle, par exemple en menant une réflexion sur un revenu universel ; il pourrait permettre d’instaurer plus de démocratie dans notre pays en supprimant l’article 49.3, en instaurant une dose importante de proportionnelle à l’Assemblée Nationale et en transformant le Sénat en une véritable Chambre des Régions.

Il reste donc beaucoup à faire dans notre société pour véritablement assurer liberté, égalité et fraternité à toutes et tous. C’est pour cela que je reste engagé aujourd’hui en politique, pour apporter à la réflexion commune ma modeste contribution et défendre mes valeurs.

 

Quels sont les valeurs, les enjeux, les batailles, qui te tiennent à cœur et que tu défends à travers ton engagement ?

J’ai plusieurs combats et engagements qui me tiennent à cœur. Ces combats sont unis autour d’une même ambition : garantir à toutes et tous les mêmes droits.

Par exemple, au niveau sociétal, il serait plus qu’urgent d’instaurer une loi qui permette à chacun de choisir sa fin de vie et de mourir en toute dignité, c’est le combat que je porte aux côtés de l’ADMD. En France, plus de 60% des médecins et plus de 90% des citoyens sont favorables à une aide active à mourir encadrée comme chez les Néerlandais, les Belges ou les Luxembourgeois. Cette loi nécessite du courage politique, et les Jeunes Radicaux militent ardemment pour cette nouvelle liberté. Je suis profondément choqué que des citoyens n’aient parfois d’autres choix que de quitter notre pays, de s’éloigner de leurs racines, de leurs familles, pour mettre fin à leur jour. Il est grand temps qu’une véritable politique progressiste, humaniste et courageuse encadre enfin un droit de fin vie dans la dignité pour toutes et tous.

Un de mes engagements les plus forts est celui envers le respect de nos principaux Républicains et donc de la laïcité. Depuis de nombreuses années, on voit dans notre pays une augmentation du communautarisme religieux qui affecte profondément notre modèle universaliste. Entre les clientélismes électoraux et les amalgames communautaristes, notre modèle Républicain, qui appelle à la fraternité et à l’égalité pour tous les citoyens, est dangereusement affecté. Héritiers du radical Ferdinand Buisson, qui présida la commission parlementaire chargée de mettre en œuvre la loi de séparation des Églises et de l’État, les Jeunes Radicaux sont engagés contre le lobbying, l’obscurantisme et l’intégrisme religieux pour défendre les valeurs de la République laïque. Abolir le régime concordataire, renforcer la police des cultes et enseigner la laïcité à l’école devraient être des priorités pour garantir notre modèle républicain.

Je milite aussi ardemment pour faire de l’Europe une puissance verte. Alors que plus d’un million d’espèces animales et végétales sont en danger d’extinction et que dans la majorité des écosystèmes terrestres, les populations ont diminué d’au moins 20 % depuis 1900, il me semble essentiel que nous les jeunes nous saisissions des questions liées au réchauffement climatique. Pour cela, en Europe, nous devons investir massivement et unir nos forces pour faire émerger de nouvelles énergies vertes, pour protéger les espèces en voie de disparition, et pour stopper le plus possible la pollution liée aux activités humaines.

 

Tu es membre des Jeunes Radicaux, pourquoi ce choix ?

Je me suis positionné toute mon adolescence comme fervent défenseur d’une politique socio-libérale, humaniste et dans laquelle l’Union Européenne a un rôle essentiel à jouer en disposant de plus de compétences. Des personnalités politiques contemporaines telles que Nathalie Kosciusko-Morizet, Alain Juppé, Christiane Taubira, Manuel Valls, Roselyne Bachelot, Jean-Pierre Raffarin ou encore Jean-Yves Le Drian ont marqué mon adolescence puis mes débuts d’engagement en tant qu’adulte. En grandissant j’ai toujours eu du mal à me positionner entre une gauche libérale et une droite sociale, tout en défendant ma vision d’une Europe fédérale. Pour moi, Jean-Louis Borloo et Simone Veil, deux personnalités qui comptent dans l’Histoire de notre pays, représentaient une véritable alternative à ce questionnement, et la réponse fut Radicale.

Depuis 5 ans, je suis donc encarté au Parti Radical, désormais appelé le Mouvement Radical social-libéral depuis la fusion du Parti Radical Valoisien et du Parti Radical de Gauche le 9 décembre 2017. Au sein du Mouvement Radical je suis affilié aux Jeunes Radicaux, le mouvement de jeunesse du parti.

 

Tu es d’ailleurs le responsable national du projet des Jeunes Radicaux, peux-tu nous expliquer ta fonction ?

Je coordonne avec notre président, Henry Dupas, la programmatique de notre mouvement. Lorsque nous avons été élus par nos pairs nous avons décidé de mener une réflexion collective avec tous nos membres. Ainsi, notre réflexion est menée avec l’ensemble de nos militants au travers de conférences physiques ou en visio-conférence en invitant des élus nationaux et européens ou des experts de la société civile. Ces conférences permettent à nos militants d’enrichir leurs connaissances et nous permettent de construire avec eux notre positionnement programmatique. Ainsi, nous avons déjà organisé pour nos militants des conférences sur l’économie circulaire, l’Europe au XXIème siècle, la liberté des médias et de l’information, les droits fondamentaux ou encore les Femmes et l’Europe.

Nous créons également des groupes de réflexion éphémères pour répondre à l’actualité sous forme de communiqués. Récemment nous avons ainsi réagis sur la situation des coursiers ou encore sur l’application StopCovid avec une tribune dans le journal Marianne.

L’objectif de ces travaux est d’aboutir à un manifeste de propositions pour l’automne 2020.

 

Tu as également été candidat aux élections européennes sur la liste « Renaissance ». Être jeune en politique : frein ou tremplin ?

Le combat pour une Europe Fédérale mené par les Jeunes Radicaux, et plus largement le Mouvement Radical, est une des raisons de mon engagement au sein de ce parti. Pour moi, la prochaine marche que le projet Européen devrait franchir est celle d’une Europe politique digne de ce nom, reposant sur un modèle fédéral pour mutualiser notamment nos forces de défense, notre système de santé, notre politique écologique et bâtir l’Europe de la justice sociale et fiscale. La liste Renaissance est la liste d’union des partis pro-européens en France, dont faisait partie le Mouvement Radical aux côtés de LaREM, du MoDem, d’Agir et de l’UDE. J’ai eu la chance de représenter notre parti en étant candidat sur la liste Renaissance.

Clairement, le fait que je sois jeune a contribué à ma présence sur la liste, mais pas seulement. Je ne suis pas partisan d’une politique menée par les jeunes qui serait opposée à une politique menée par des personnes plus âgées. L’engagement, les convictions et les compétences n’ont pas d’âge. Je préfèrerai que renouvellement soit plutôt synonyme de renouvellement des profils et des visages. Aujourd’hui encore beaucoup de femmes et d’hommes politiques, quelque soit leur âge, ont les mêmes parcours universitaires puis professionnels. Je pense que dans notre société, qui appelle à un renouvellement des genres, c’est le fait de présenter un profil différent, quelque soit l’âge, qui peut être en tremplin pour représenter autrement nos concitoyens.

 

Que répondrais-tu aux jeunes qui considèrent aujourd’hui que « ça ne sert à rien de s’engager » ? Au contraire, quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui souhaitent s’engager ?

S’engager c’est faire vivre ses convictions, c’est contribuer modestement à faire bouger les lignes pour construire le monde de demain. Nos ancêtres se sont battus pendant plusieurs décennies pour donner à tous les citoyens, dans notre pays, le droit de s’exprimer, le droit de s’engager. C’est une richesse qui n’est pas offerte à tous les êtres humains, à mon grand regret. C’est aussi pour cela que chacun devrait faire vivre ses convictions et s’engager à son échelle. S’engager ne demande pas forcément de temps. S’engager c’est avant tout voter. Notre génération n’est pas celle qui se rend le plus aux urnes, et c’est pourtant celle qui est la plus connectée à l’actualité et qui souhaite le plus faire bouger les lignes.

Pour les jeunes qui veulent s’engager davantage dans la chose publique, ils ne doivent pas hésiter à faire vivre leurs convictions, car ils seront demain les acteurs principaux de notre République. S’engager ce n’est pas seulement rejoindre un parti politique. On peut s’engager pour protéger les animaux avec la SPA, s’engager pour l’éducation des enfants avec l’UNICEF ou encore pour la recherche avec le Téléthon. A tous niveaux et dans tout organisme, un engagement permet de marquer de son empreinte la société dans laquelle on vit, et cela contribue fortement au développement personnel de tout individu. 

Propos recueillis par Léna Van Nieuwenhuyse.

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