À la rencontre de…

Florence Morlighem

Députée de la 11ème circonscription du Nord

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Florence Morlighem, j’ai 51 ans, mère et grand-mère. Actuellement députée de la 11ème circonscription du Nord.

Depuis quand êtes-vous engagée politiquement ?

Je me suis engagée politiquement aux côtés d’Emmanuel Macron dans une ambition citoyenne mais pas dans un objectif électoral. En effet, j’ai pris l’initiative de rencontrer En Marche au niveau local en 2016 ; à l’époque, il n’y avait qu’une seule personne. Celleci m’a demandé ce que je voulais apporter. Je lui ai dit que je venais apporter le témoignage d’une femme qui a rencontré des difficultés dans sa vie avec notamment plusieurs périodes de chômage. 

Durant l’une d’elles, une assistance sociale m’a conseillé de ne pas retravailler (ou seulement au noir) et de rester au chômage afin d’arriver en fin de droit et toucher ainsi les aides de l’État. Cette réponse m’avait énormément choquée l’époque. Aussi, je voulais dire au candidat Macron que ce genre de réponse ne devrait absolument plus exister dans notre société.

Nous avons donc créé un comité au niveau local. Pour être crédible dans les différentes réunions organisées, j’ai beaucoup travaillé les sujets un à un et je pense que cela a été reconnu par les gens. Même si je ne fais pas partie des élites passées par les grandes écoles, je me sens parfaitement légitime dans mon engagement politique car j’ai une sincérité qui est entière et un parcours de vie que personne ne pourra m’enlever.

Avant que vous deveniez députée en 2020, vous avez été la suppléante de Laurent Pietraszewski. Que représente pour vous ce rôle ?

Le rôle de député suppléant est quelque chose d’important. Lors de la campagne des législatives en 2017, nous étions complémentaires avec Laurent et cela a fait notre force.

Cependant, c’est aussi un rôle qui n’est pas toujours simple étant donné qu’il n’y a aucun lien officiel rattachant le suppléant au député élu dans l’exercice de son mandat, ce qui fait que certains binômes « explosent en vol ». Je pense qu’il serait bien d’encadrer davantage le statut de député suppléant. Surtout que, depuis la précédente législature, un député nommé ministre mais qui viendrait à être démis de ses fonctions reprend forcément la place du suppléant. Ainsi, demain, si Laurent est démis de ses fonctions, je suis dans l’obligation de faire mes valises.

Que ressortez-vous de ces deux ans passés à l’Assemblée nationale en tant que député titulaire ? Avez-vous réussi à porter les combats qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

Je me considère comme une « combattante de l’ombre » : je mène un travail assidu qui n’est pas toujours exposé publiquement. En effet, il ne faut pas tout mélanger : il est possible de faire avancer des causes sans pour autant les brandir comme un étendard sur les réseaux sociaux. Aussi, mon travail de députée n’est pas que mon équipe bosse continuellement pour que je fasse des vues sur Facebook. Le travail sur le terrain, le contact direct avec les citoyens sont essentiels.

J’ai intégré la commission de la défense nationale et des défenses armées au début de mon mandat alors que mon parcours personnel et professionnel me prédestinait plutôt à celle des affaires sociales. Pour autant, j’’ai beaucoup travaillé et me suis passionnée pour les questions de défense nationale au point de devenir cette année auditrice à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Par ailleurs, durant ce mandat, j’ai pu porter les sujets qui me tiennent à cœur : la précarité alimentaire, l’emploi des jeunes ou encore la caricature des quartiers. Et, finalement, le bilan du président Macron est extrêmement positif eu égard aux chiffres du chômage, de la croissance. Je n’ai pas à rougir de ce qui a été fait.

Pour autant, la suite m’inquiète : la société est polarisée, le débat est binaire et les réseaux sociaux ne font qu’alimenter cela avec la « politique de la punchline ». Tout n’est pas rose lorsqu’on est député, en particulier au sein de la majorité : je fais partie des 28 députés qui ont reçu des menaces de mort fin 2021. Quand vous recevez la première menace de mort, cela ne laisse pas indifférent : vous pensez d’abord à vos enfants, votre famille qui n’ont rien demandé. Aujourd’hui, tout est amalgamé, il est plus que temps de reprendre de la hauteur par rapport aux différents sujets : la France et notre jeunesse méritent mieux.

Notre média a pour but de reconnecter les jeunes à la politique. En tant que députée, comment ressentez-vous la relation entre les jeunes et la politique ?

Les jeunes et la politique, c’est assez complexe. Certains sont passionnés par la politique : je rencontre des jeunes qui veulent être élus, d’autres qui militent activement.

Pour autant, la réalité est que la majorité des jeunes délaissent complètement la vie démocratique. Selon moi, afin de réconcilier la jeunesse avec la politique, il faut recréer un lien avec la nation : un jeune doit pouvoir dire qu’il est fier d’être français en particulier quand il s’exprime, quand il voyage. Il faut restaurer l’espoir d’une jeunesse unie car elle grandit aujourd’hui dans le clivage. Je reste persuadée que notre jeunesse est belle, pleine de vie.

Les prochaines élections législatives sont désormais dans six mois. Aussi, que pouvons-nous finalement vous souhaiter ?

Je souhaite finir mon mandat sur le niveau d’engagement qui a été le mien depuis ma prise de fonction. Forcément, je m’engagerai aux côtés du président pour l’accompagner dans la campagne présidentielle. Mais, ce que je souhaite avant tout et ce ne sera pas pour 2022, c’est un apaisement du débat politique avec une sortie de l’invective, du débat binaire. Édouard Philippe y faisait référence hier : faire preuve de nuance.

Propos recueillis par Léo Valère.

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