À la rencontre de… Aurélien Duchêne

Directeur adjoint du projet d’Objectif France

Est-ce que tu peux te présenter ?

Aurélien Duchêne, 21 ans, je suis étudiant en M1 Sécurité internationale et Défense à Lyon III. Je suis engagé au sein d’Objectif France, mouvement dirigé par Rafik Smati et Bertrand Soubelet dont je co-dirige l’élaboration du programme politique.

Quel est ton parcours ?

J’ai fait un Bac L et une licence d’Histoire à Strasbourg. Politiquement, j’ai rejoint Objectif France peu après sa fondation il y a 5 ans. J’ai aussi fait partie des tout premiers membres des « Jeunes Avec Macron », collectif qui a précédé la création d’En Marche dès 2015 et où j’étais ironiquement assez seul à parler de dépasser la gauche et la droite pour construire une nouvelle offre… J’ai quitté le mouvement au moment de la création d’En Marche malgré des opportunités personnelles, par désillusion sur ce qui se préparait. J’ai ensuite milité pour la campagne de François Fillon durant la primaire de la droite, son programme souffrant de graves faiblesses mais étant le seul à inclure les réformes indispensables pour le pays. Je suis depuis engagé à 100% à Objectif France.

A quel âge et pourquoi t’es-tu engagé en politique ?

Je me suis vraiment engagé à 15-16 ans. J’étais lycéen dans une petite commune de Moselle assez représentative de cette « France périphérique » dont on a beaucoup parlé durant la crise des Gilets jaunes ; venant d’une métropole à l’aise dans la mondialisation comme Strasbourg, je n’avais pas saisi l’ampleur de la fracture territoriale. J’étais surtout révolté par l’absence de perspectives et le sentiment de déclassement. Les jeunes du coin étaient largement désintéressés de la politique et n’y croyaient pas, mais les quelques uns qui s’y intéressaient étaient souvent tentés par le Front national, voire plus radical encore. Ce n’était pas étonnant vu l’incapacité du monde politique à parler à cette France qui sait qu’elle vivra moins bien que la génération d’avant : je me suis donc d’abord engagé pour contribuer à ce que cette France en décrochage retrouve la fierté et le goût du futur.

Pourquoi continues-tu d’être engagé en politique ?

La vie politique nationale ne donne pas forcément envie de s’engager parce que le niveau du débat est déplorable, et la vie politique locale non plus parce qu’elle réclame beaucoup de travail et d’investissement pour souvent peu de reconnaissance, voire peu de résultats satisfaisants. Plus on rentre dans la vie politique, plus on a de raisons d’en être dégoûté et d’envies d’abandonner, que ce soit en raison des pratiques et usages du monde politique, ou de l’absence de débat d’idées. Paradoxalement, tout cela renforce dans leur combat ceux qui s’engagent pour leurs convictions. Plus on entend des citoyens désabusés avouer qu’ils ne croient ni dans la capacité de la France à se relever, ni dans la capacité de la politique à changer les choses, plus j’ai envie de les convaincre du contraire ; plus on entend des politiques de carrière ou des figures du débat public nous confier en privé que « ce pays est foutu », plus on a envie de leur donner tort.

Tu es membre d’Objectif France, pourquoi ce choix ?

D’abord pour le projet que nous portons pour réparer notre pays et le projeter dans l’avenir, que j’invite à découvrir sur notre site officiel. Nous sommes ici pour parler d’engagement des jeunes : on sait que les partis ne leur inspirent souvent plus rien si ce n’est du rejet, or nous sommes radicalement différents des partis en place et ce n’est pas un slogan. Nous sommes un mouvement issu des territoires, rassemblant des citoyens de la société civile et des élus de terrain. Objectif France est animé par des personnalités qui n’ont pas besoin de la politique pour vivre : notre président, Rafik Smati est un entrepreneur du numérique, et notre vice-président, le Général Bertrand Soubelet, l’ex n°3 de la Gendarmerie nationale. Quid des jeunes ? Nous avons à Objectif France une place que nous n’aurions pas dans d’autres partis aspirant à conquérir le pouvoir. Mon ami Eugène Daronnat est par exemple Directeur des Opérations de notre mouvement à 25 ans, et moi co-responsable de notre projet qui est tourné vers l’intérêt des jeunes et futures générations.

Est-ce que tu as des activités à côté de ton engagement ?

On est malheureusement obligés de faire des choix, j’ai en ce qui me concerne du lâcher d’autres engagements associatifs tellement l’engagement politique est chronophage. Et par rapport à d’autres étudiants obligés d’avoir un véritable travail (Deliveroo, McDo…), je me sens favorisé en ne faisant que des petits boulots type cours particuliers ou baby-sitting : quand on s’engage à haut niveau sans compter ses heures, c’est effectivement difficile d’avoir des activités à côté. Ma plus grosse activité parallèle, c’est l’écriture d’un livre sur les enjeux de sécurité et de défense dans notre contrat social.

C’est quoi une « journée type » pour toi ?

La journée type de n’importe quel étudiant. J’essaie de mon côté de dégager du temps chaque jour pour mener les projets de long terme : avec Objectif France, nous construisons une alternative politique nationale à partir de rien, sur notre temps libre, ce qui demande de s’investir sur plusieurs années. En tant que Directeur adjoint du Projet, je travaille quotidiennement ou presque avec nos équipes thématiques avec qui nous construisons notre programme politique, en plus des autres activités liées à la vie du mouvement. L’écriture d’un livre est également chronophage. Il faut sinon prendre le temps de rencontrer de nouveaux profils, pour les convaincre de la démarche d’Objectif France ou écouter ce qu’ils ont à dire.

Que répondrais-tu aux jeunes qui considèrent que « ça ne sert à rien de s’engager » ?

La plupart des jeunes qui pensent ceci partent du principe que notre système politique est structurellement défavorable à l’engagement des jeunes et à leurs intérêts, ce qui est vrai. Notre vie politique privilégie fondamentalement la prochaine élection à la prochaine génération, les débats interminables à l’action efficace, le traitement de l’actualité aux enjeux de long terme. D’où le fatalisme de jeunes qui estiment que leur engagement est inutile, voire utopique. Je réponds généralement à ceux qui disent « ça ne sert à rien de s’engager » qu’ils doivent retourner les vieilles règles de la vie politique contre elle-même, profiter de ses défauts. La politique passe d’une actualité à l’autre au lieu d’aborder des changements de fond ? Les jeunes peuvent dicter l’agenda médiatique en s’engageant sur les sujets qui leur importent et en le faisant savoir. La politique est un rapport de forces ? Les jeunes ont un poids et une capacité à se faire entendre supérieur à n’importe quelle force politique, syndicat, lobby, pour imposer l’intérêt des futures générations. La politique verse trop dans le « blabla » ? Les jeunes savent créer de nouveaux codes et apporter de nouvelles idées, cette créativité manque en politique. Concrètement, comment franchir le pas ?

Les jeunes doivent d’abord s’engager pour ramener leur génération aux urnes. L’exemple du référendum sur le Brexit l’a bien montré : les jeunes Britanniques souhaitaient à une écrasante majorité rester dans l’Union européenne, les électeurs plus âgés voulaient la quitter. Les moins de 35 ans ont été nombreux à s’abstenir, quand leurs aînés se sont davantage mobilisés : si les 18-25 ans avaient autant voté que les + de 65 ans, le Royaume-Uni serait resté dans l’UE. Les jeunes Britanniques ont donc laissé les générations précédentes décider pour eux d’un futur dont ils ne voulaient pas. Une raison pour les jeunes de s’engager aurait tout simplement été de convaincre leurs semblables que leur vote pouvait faire la différence !

Les jeunes doivent ensuite s’engager sur des enjeux clés qui dépassent toutes leurs divisions partisanes, où ils peuvent peser en tant que génération défendant ses intérêts. L’urgence écologique le prouve. En se mobilisant sous différentes formes, des milliers de jeunes anonymes ont contribué à mettre l’environnement au cœur du débat public. Pour séduire les jeunes, ou leurs aînés sensibilisés grâce à l’engagement des jeunes, les partis politiques se redécouvrent une conscience écolo affirmée. Cet exemple peut s’étendre à d’autres sujets. Les jeunes Français peuvent amener leurs préoccupations au cœur de la vie politique et pousser la classe politique à s’en saisir : reste à franchir le pas de l’engagement.

Propos recueillis par Léna Van Nieuwenhuyse.