À la rencontre de… Arthur Clairet

Conseiller Municipal de Lonrai et Vice-Président aux Finances d’un SIVOS (Syndicat intercommunal à vocation scolaire)

Peux-tu te présenter ? Quel a été ton parcours ?

Mon nom est Arthur CLAIRET, 22 ans, fonctionnaire, musicien et correspondant de presse en Normandie. Actuellement, j’occupe les fonctions politiques de Conseiller Municipal dans ma commune (Lonrai) et de Vice-Président aux Finances d’un EPCI.

Sur le plan associatif, je suis membre du Lions Club International, en charge pour le District Normandie de l’ensemble des concours musicaux. J’ai créé en juin 2021 la Société Musicale du Pays Alençonnais où j’occupe les fonctions de Président-Fondateur.

Par le passé, j’ai été amené à occuper diverses fonctions bénévoles (trésorier, secrétaire, président … ) au sein de structures allant d’une dizaine de membres jusqu’à plus de 1200. En entrant à peine dans la vie active, cela peut vite donner le tournis !

Mon parcours est en adéquation avec mes activités : après un cursus en faculté de droit, à Caen puis à Alençon, j’ai débuté ma vie professionnelle en tant qu’agent immobilier. Peu de temps après, j’ai décidé de dédier la totalité de mon temps au service public en passant certains concours de la fonction publique territoriale.

 

Les Lions Clubs, c’est quoi ?

Avant d’être un simple panneau à l’entrée des villes, nous sommes un réseau philanthropique de plus de 1,4 million d’hommes et de femmes œuvrant dans 48 000 clubs à travers le monde pour venir en aide aux personnes dans le besoin. Dans plus de 200 pays et territoires, que ce soit dans les hôpitaux, les maisons de retraite ou dans les régions dévastées par les catastrophes naturelles, les Lions Clubs agissent, aident, dirigent, organisent et soutiennent. Nous apportons notre aide partout où nous le pouvons, dès que nous en avons l’occasion et par tous les moyens possibles. 

En tant que club service, nous cultivons également un esprit d’amitié entre les membres de notre association. Loin d’être secrète ou réservée à une élite quelconque, notre organisation accueille avec plaisir toutes les femmes et les hommes désireux de s’engager pour servir les autres et faire de ce monde un endroit plus agréable pour chacun.

Si vos lecteurs souhaitent en savoir davantage, le mieux reste pour eux d’entrer en contact avec leur club local ou de consulter notre site internet. Tout y est présenté de manière bien plus complète !

 

Tu as d’ailleurs été le plus jeune des présidents de clubs en France, atout ou frein ?

Il y en a toujours un ! Comme il y a toujours un doyen, d’ailleurs. Mais il est vrai qu’il est plutôt rare de voir un jeune de 20 ans occuper ce poste dans notre organisation !

Pour restituer la chose, le mandat de Président au sein d’un Lions Club ne peut pas durer plus d’une année et finalement, nous y passons tous un jour où l’autre. Si l’on considère cette donnée, je n’ai fait que suivre l’engagement que j’ai pris en acceptant de devenir membre.

Mon élection a suscité deux types de réactions : promotion et suspicion. Pour mon club, cela représentait un défi réel : accepter de suivre la direction donnée par quelqu’un ayant l’âge de leurs petits-enfants. D’autant plus que je n’avais pas beaucoup d’expérience au sein du Lionisme. Comme tout le monde, j’ai dû faire mes preuves et en cela, mon expérience passée dans l’associatif a été un atout majeur. En gardant la tête froide, en écoutant les conseils donnés par mes aînés et en cultivant toujours une certaine chaleur humaine, j’ai réussi durant l’ensemble de mon mandat à fédérer mon club et à traverser la pandémie en poursuivant nos actions humanitaires.

Lorsque l’on attire la curiosité générale, il n’y a pas de place pour l’approximation. Il faut savoir s’assumer, s’affirmer et se faire respecter, le tout avec bienveillance et ouverture d’esprit. J’ai rempli mes devoirs de Président en ne m’excusant pas d’être arrivé jusque-là !

Pour répondre à la question, ce fut un atout pour marquer mon année et communiquer activement sur les possibilités offertes par le lionisme qu’importe l’âge mais ce fut également un frein car j’ai dû affronter cette double peine qu’est d’être l’originalité vis-à-vis de la norme.

 

Tu es également le Président Fondateur de la Société Musicale du Pays Alençonnais, peux-tu nous en dire un peu plus sur ce projet, et sur ton engagement musical ?

La Société Musicale du Pays Alençonnais est la réponse que j’ai donnée à un constat simple : les salles municipales locales sont sous-exploitées et ne reçoivent, selon moi, pas assez d’animations musicales à destination des populations. J’ai donc mis autour de la table des musiciens amateurs et des élus désireux d’entamer une politique culturelle plus poussée au niveau de leur commune rurale.

Les musiciens et les ensembles rencontraient un problème financier ubuesque : une importante partie de la recette des concerts réalisés servait à régler la location de la salle municipale. Les communes quant à elles peinaient à avoir des relais parmi les artistes pour animer leur commune. Pour régler les deux problèmes à la fois, la SMPA a donc signé des conventions de mise à disposition gracieuse de l’espace public avec les communes membres et s’est proposée, aux dates ainsi définies, de centraliser l’organisation de concerts amateurs de tous styles musicaux. Pour couronner le tout, l’ensemble de nos concerts sont gratuits pour la population, ce qui nous a valu la reconnaissance d’association « Economie Sociale et Solidaire ».

Mes expériences cumulées n’ont pas été de trop pour convaincre l’ensemble des interlocuteurs. En tant que chef d’orchestre et chef de chœur, j’ai pu apporter à mes ensembles une solution concrète quant à l’organisation de nos concerts futurs. En tant qu’élu local et fonctionnaire territorial, j’ai pu accompagner les communes dans la mise en place des dispositifs réglementaires et légaux à leur disposition pour cadrer la totalité de l’action.

On peut tous porter un projet d’ampleur dès lors qu’il s’inscrit dans des domaines dont nous maîtrisons les tenant et les aboutissant.

 

Comment vois-tu la relation actuelle entre les jeunes et l’engagement ? Existe-t-il, selon toi, quelque chose comme une « crise » de l’engagement caractéristique de la nouvelle génération ?

Sur la question de la crise de l’engagement, je pense que celle-ci dépasse largement la seule « nouvelle génération ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : énormément d’associations peinent à recruter de nouveaux membres et encore plus de nouveaux dirigeants ; les entreprises peinent à recruter tout simplement ; le personnel politique, à tous les niveaux, peine à être renouvelé de manière convaincante. L’âge d’or de l’engagement « à l’ancienne » est terminé.

Car soyons réalistes : s’engager, c’est faire des sacrifices qui aujourd’hui sont en opposition avec les exigences de la société de productivité dans laquelle nous nous trouvons. Cela demande du temps, de l’énergie, des efforts d’agenda et cela nous conduit bien souvent à délaisser une partie de notre bien-être pour la cause défendue. Il existe donc une fracture réelle entre celles et ceux exerçant un engagement bénévole et celles et ceux arrivant à vivre largement des subsides liés à leur engagement.

Souvent, les dirigeants bénévoles sont vus comme des perles rares et sont amenés à prendre des casquettes dans plusieurs structures à la fois. Je me suis vu confier simultanément les charges de président, trésorier et la responsabilité de deux secrétariats pour quatre associations différentes, faute de volontaires ! Ce n’est pas tenable, même avec du temps à disposition et peu de contraintes annexes.

Alors, quelles solutions me direz-vous ? La réponse est à la fois simple et complexe à mettre en œuvre : il faut interroger la reconnaissance que l’on donne à l’engagement. Et cela passe à la fois par une revalorisation et par une prise de conscience collective : pour les étudiants, il est tout à fait envisageable d’allouer des crédits ECTS aux responsables d’associations étudiantes actives. Pour les actifs, les retraités et les chômeurs, valoriser le don de soi au niveau fiscal pour obtenir des réductions d’impôt, un aménagement du calcul des droits ou un renforcement des congés alloués pour l’exercice de fonctions bénévoles.

Rappelons également que le monde associatif est l’un des principaux employeurs en France. Que deviendrons ces salariés si demain personne ne veut plus tenir la barre ?

 

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui souhaite s’engager ?

Je suis fermement convaincu qu’il n’y a pas d’âge pour réaliser de belles choses comme il n’y a pas d’âge pour faire des erreurs. Avant d’être des jeunes, nous sommes des individus avec des parcours et des expériences distincts. Ayez conscience de vos capacités et des efforts à fournir pour acquérir les compétences liées aux fonctions que vous souhaitez occuper, si tel est le cas.

Mais plus important que tout, ne jamais négliger la seule connaissance applicable tout au long de votre vie : la connaissance de l’Humain. Que ce soit dans un contexte de responsabilités ou d’engagement purement militant et bénévole, il faut de mon point de vue rester ouvert aux autres et à leurs expériences afin de créer les conditions nécessaires à l’épanouissement et aux partages de vos idées sur le long terme.

Si je devais résumer mon conseil en une seule phrase : personne ne reste dans une soirée où ni l’ambiance, ni la musique ne sont bonnes, aussi belle puisse être l’invitation !

Propos recueillis par Léna Van Nieuwenhuyse.

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