À la rencontre de… Alexandre Pesey

Co-fondateur et directeur de l’Institut de Formation Politique (IFP)

Lancé en 2004, l’Institut de Formation Politique (IFP) est la première pépinière de jeunes qui veulent servir le Bien commun dans la politique, les associations et les médias. Son objectif est « d’identifier, recruter et former des jeunes gens entre 18 et 30 ans pour faire émerger une génération de cadres au service de la France ».

Concrètement, qu’est-ce que l’IFP ? L’institut est-il orienté politiquement ?

Comme toutes les aventures entrepreneuriales, l’idée vient d’un constat partagé avec deux amis. Il n’existait pas d’organisme de formation ni de lieu de réseau pour des jeunes comme nous, attachés aux libertés et à l’enracinement. Nous avons ainsi fondé l’Institut de Formation Politique pour leur proposer une formation intellectuelle, pratique et leur permettre de rencontrer d’autres jeunes engagés pour leurs convictions. Etudiants en fin d’études, nous avons démarré de zéro : identifier des jeunes à fort potentiel, construire un parcours pédagogique cohérent, trouver un lieu où dispenser nos formations, des formateurs bénévoles et bien entendu une somme de départ pour respecter notre volonté d’indépendance vis-à-vis des partis politiques et des pouvoirs publics. Nous recevons aujourd’hui plus de 700 participants par an à nos formations et évènements réseaux grâce au soutien financier de 5 000 français soucieux de l’avenir de notre pays. Je profite de cet entretien pour les remercier chaleureusement pour leur fidélité.

Quelles formations dispensez-vous ?

Notre ambition est de préparer des cadres aptes à redresser la France. Pour ce faire, nous proposons aux jeunes que nous sélectionnons des parcours le week-end qui reposent sur 4 piliers : enseignement sur les grands sujets d’actualité (fiscalité, islam, bioéthique, art…), exercices pratiques (prise de parole en public, entraînement radio/télé), modules d’action (lutter contre la désinformation, monter une organisation militante, faire exploser sa visibilité sur les réseaux sociaux…) et enfin témoignages avec des personnalités 100 % engagées. La semaine, nos étudiants peuvent rencontrer des entrepreneurs et des essayistes venus partager leurs conseils mais aussi participer à des formations en ligne dont la dernière portait sur « Le droit, nouvelle arme de guerre idéologique ». A côté de ces formations à l’action, nous leur offrons la possibilité de suivre des formations professionnalisantes comme L’Ecole de l’Engagement Politique qui prépare notamment au métier de collaborateur parlementaire ou encore l’ILDJ, notre école de journalisme qui forme des jeunes gens qui veulent devenir « des passeurs du réel ». Comme vous pouvez le constater, l’IFP s’adresse à des jeunes gens motivés, quel que soit leur degré d’engagement !

Comment voyez-vous la relation actuelle entre les jeunes et la politique ?

J’observe chez les jeunes une soif d’engagement qui comprend mais aussi dépasse le militantisme politique traditionnel. Ils ont ainsi compris l’importance des leçons du théoricien italien Antonio Gramsci pour lequel « les victoires des idées précèdent les victoires politiques ou électorales ». Ils investissent donc aussi massivement les universités, les associations ou encore les médias pour faire triompher leurs convictions. Nous leur répétons d’ailleurs à chaque séminaire de formation : la France a besoin de l’aide de chacun d’entre eux, quelles que soient leurs compétences, pour se redresser économiquement, moralement et culturellement.

Comment répondre à la « crise de l’engagement » caractéristique de la génération actuelle ? La pensée selon laquelle les jeunes seraient totalement désintéressés de la chose politique est-elle vraie ?

Je ne suis pas d’accord avec ce constat, en tous cas pas au sein de la jeunesse qui combat l’étatisme, le relativisme moral et le multiculturalisme. A titre d’exemple, ne serait-ce que l’année dernière, nous avons reçu 400 candidatures de qualité pour 200 places disponibles. En outre, je découvre ou accompagne des initiatives civiques qui rencontrent le succès comme récemment « L’étudiant libre », lancé il y a quelques mois par de jeunes gens originaires des Pays de la Loire. Leur journal donne la parole à des personnalités peu invitées dans les médias et valorise les étudiants au service du bien commun. Il est aujourd’hui distribué dans des dizaines d’universités pour « oxygéner » les universités qui souffrent cruellement d’un manque de débats. Soulignons aussi les fruits du travail mené par les trois jeunes fondateurs de SOS Chrétiens d’Orient qui depuis 2013 recrute et accompagne 2000 jeunes français pour soutenir les chrétiens persécutés. Je pourrais multiplier les exemples mais. Je pense aussi à ces jeunes étudiants qui refusent de se soumettre à la tyrannie des blocages organisés par des militants d’extrême gauche. Oui, une certaine jeunesse retrousse ses manches pour offrir aux générations futures une France fière d’elle-même et de ses atouts ! Preuve de leur maturité et, j’ose le dire, de leur sacrifice, ils savent que « Rome ne s’est pas faite en un jour ». Autrement dit, certaines de leurs actions porteront des fruits dans le temps long.  

Que répondriez-vous aux jeunes qui considèrent que « l’engagement est inutile aujourd’hui » ?

Dans notre salle de formation, nous avons cette maxime qui résume bien notre conception de l’engagement : « Ne pas faire de politique c’est faire la politique de ceux qui nous imposent la leur ». Autrement dit, nous les invitons à se poser la question : qu’est-ce que je souhaite pour mon pays ? Rester spectateur de son délitement ou, au contraire, décider de lui consacrer une partie de mon temps, voire ma vie. Gardons en tête que les grands bouleversements historiques (la Révolution française par exemple) ont été initiés par des petites minorités structurées intellectuellement et déterminées à faire triompher leurs idées.

Il n’y a aucune fatalité à ce que certaines minorités décident au nom de toute une majorité silencieuse. Le sort de notre pays est aux mains de la nouvelle génération que sont vos lecteurs. C’est à eux de prendre leurs responsabilités, nous comptons sur eux !

Au contraire, quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent s’engager aujourd’hui ?

Je leur conseillerais de bien réfléchir à ce qui leur tient à cœur. Il existe une multitude de structures (partis politiques, laboratoires d’idées, groupes d’action…) pour exercer ses talents mais cela ne peut se faire sans efforts, ni sacrifices. Les obstacles seront d’autant mieux surmontés que les valeurs que l’on porte sont inscrites en nous. Je les inviterais aussi à se former, pour être efficace : sans colonne vertébrale intellectuelle, on est condamné à devenir des apparatchiks et sans une forme soignée, on est inaudible. Enfin, je leur dirais que c’est toujours le bon moment pour s’engager. Si un jeune ne pose pas ce choix pas dès le début de ses études, il trouvera toujours des excuses, parfois légitimes, pour ne jamais le faire. N’ayez pas peur, engagez-vous aujourd’hui ! Parlez avec ceux qui vivent cette expérience : malgré les contraintes inhérentes à ces choix de vie, ils sont tout simplement heureux !

Propos recueillis par Léna Van Nieuwenhuyse.